Alvaro Siza, celui qui n'écrivait pas
Alvaro Siza, celui qui n'écrivait pas
Siza est à part. Indépendant, discret, il compte dans le monde de l'architecture parmi les plus grands et s'y est fait un nom à force de conviction profonde. Il parle à voix basse et porte sur les choses un regard pénétrant. De l'objet à la ville, son œuvre, saluée partout et largement commentée, atteint une sorte de grâce qui échappe aux théories. Et, à défaut d'explications savantes, c'est par petites touches qu'on peut esquisser les contours du personnage, témoin de son époque et lucide devant les déséquilibres du monde. On dit qu'il dessine comme un ange, qu'il n'écrit pas sinon quelques textes épars, qu'il allume des cigarettes et oublie de les fumer, inséparable de ses cahiers noirs. Et de sa pratique de l'architecture, on n'a pas trouvé mieux que de dire qu'elle est poétique, et de lui qu'il est un poète. Que pouvaient alors soixante-cinq textes de lui à part ça ? Rien. Sinon tenir dans une main tant de choses à la fois, une vie d'homme, d'artiste, architecte de surcroît, une place dans le monde à quoi rien ne correspond.